La Marmotte en Jordanie : carnet de voyage (3/5)

Lundi 8 novembre 2021

20h

Seven Wonders Hotel, Wadi Musa

Donc, l’ascension vers le Monastère. Je savais que ce serait difficile. Je ne voulais pas l’option à dos d’âne, la pauvre bête, je fais quand même plus de 100 kg hein. J’ai donc bien pris mon temps, avançant lentement mais sûrement dans ce sublime paysage, faisant de nombreuses pauses. Par moments, j’ai pu m’asseoir sur une pierre, souvent à l’ombre, me retrouvant seule, admirant ces géants de pierre tout autour de moi, le vent jouant dans mes cheveux et mon corps en surchauffe se réjouissant de ce souffle de fraîcheur. Il y a des « marches », hautes, irrégulières, certains endroits sont vraiment difficiles, mais personnellement l’effort en valait la peine. Avancer entre ces parois rocheuses aux mille couleurs (oui, j’exagère, pas mille, mais plusieurs, ocre, rouge, jaune, gris, blanc, une touche presque bleutée par-ci par-là), avec des vues sur la vallée et les autres sommets plus loin, les autres falaises sculptées pour créer cette ville magique, avancer dans ce cadre pittoresque vaut chaque goutte de sueur.

En chemin, j’ai croisé pléthores de meneurs d’âne qui me proposaient leurs services, parfois avec insistance, parce que grimper là-haut c’est long et dur, vous savez, Madame. C’est gentil, mais non. Le chemin est également parsemé d’étals de marchands, orientés vers les touristes bien sûr, souvenirs et boissons fraîches. À mon passage, ils ne faisaient pas que me proposer d’acheter, ils m’encourageaient, me disaient combien de temps il reste avant d’arriver en haut. Parfois, on me proposait de faire une pause à l’ombre. Une fois, j’ai accepté, partageant un banc avec une des marchandes, elles m’ont proposé un thé, au début j’ai refusé, elles ont insisté, que c’était gratuit, du coup j’ai accepté, j’ai bu le thé alors que je n’aime pas trop ça. Elles ne vendaient rien qui m’intéressait, dommage.

À une autre marchande, j’ai promis de revenir, en se serrant le petit doigt, j’ai dit que je regarderais en descendant, mais je ne promettais pas d’acheter. Les autres touristes que je croisais et qui eux descendaient m’encourageaient aussi. Une Nord-Américaine (à l’accent c’est sûrement ça) m’a demandé si j’avais marché depuis le début (on était dans la dernière ligne droite) et elle m’a encouragée et félicitée… et là ça a fait tilt ! Qu’est-ce qu’ils voyaient eux quand j’arrivais en face ? Une obèse avec des bâtons de marche qui souffle comme un bœuf et dont les efforts et la difficulté de monter doivent se voir sur son visage. En tout cas, je trouve ça sympa, ces mots d’encouragement et ces sourires.

J’ai aussi commencé à voir des membres de notre groupe qui redescendaient, eux aussi me félicitant et m’encourageant. Et puis, après plus d’une heure trente, ça y est, je suis arrivée au Monastère ! Wow ! Non seulement il y a une superbe vue sur la vallée, mais le Monastère est magnifique. Lui aussi taillé à même la montagne bien sûr. J’ai retrouvé un autre du groupe et je me suis posée sur un banc du café, face à ce site magnifique. Et en admirant ce chef-d’œuvre et discutant avec P., tilt, c’est pas ici qu’un Indiana Jones a été tourné ? P. me confirme que oui, il en avait parlé avec le guide un peu plus tôt.

Je suis restée sur place pas loin d’une heure, bon y’a bien eu quinze minutes à attendre pour acheter une bouteille d’eau. Et puis, j’ai entamé la descente. Vu le terrain escarpé, c’était pas facile non plus, j’y suis allée doucement, faisant des pauses régulièrement. Comme promis, je suis allée voir ce que la marchande proposait et j’ai pris une toile peinte par sa grand-mère. J’ai négocié un peu, mais je ne suis pas douée, enfin, on a réussi à s’accorder sur un prix. En route, beaucoup de gens se disent bonjour en se croisant, la plupart en anglais, d’autres dans leur langue, dont du tchèque, j’ai pu répondre dans la même langue, ça j’ai pas encore oublié. Oui car certains le savent, j’ai vécu un an en République Tchèque et fut un temps, je parlais tchèque couramment, mais douze ans après avoir quitté le pays, j’ai presque tout perdu.

Enfin bref, la descente fut délicate et je suis arrivée en bas moins d’une heure avant que le bus ne reparte. Alors que j’essayais de repérer un endroit à l’ombre pour me poser et prévenir le guide que je serai en retard, on m’a proposé de voyager en cariole tirée par un cheval, pour aller jusqu’à la Trésorerie. Il m’a dit, 25 JOD, arf non, c’est un peu cher, normalement c’est 30 mais pour vous 25, 20 ? OK, 20. Et c’est parti, une chevauchée fantastique et agitée dans la vallée et je me rends compte que le chemin est bien plus long que ce que je croyais, donc c’était une bonne idée, ça m’aurait pris un temps fou à pied.

Je savais qu’à la Trésorerie, il y a des voitures électriques qui vous ramènent au centre des visiteurs, donc je devrais pouvoir être à l’heure au bus. Très vite, je me fais alpaguer par un autre conducteur de cariole, pour 35 JOD, hum, bon, OK, j’en peux plus et faire tout ce chemin à pied, non. Allez hop, il m’emmène le plus loin possible, il sait que je suis en retard et va plus loin que ce qu’il fait normalement, du coup je lui dis, bon 40 JOD, il n’a pas le change sur 50, du coup je lui donne 50 JOD (environ 60€), je suis fatiguée, j’ai chaud, je suis en retard, la recette parfaite pour se faire avoir, enfin, y’a pire dans la vie.

J’arrive au centre des visiteurs avec quinze minutes de retard, le guide est là, mais pas le bus, on prend un taxi, du coup c’est lui qui négocie le prix et qui paie aussi. Épuisée, je retourne dans ma chambre et file sous la douche. Alors que je m’allonge et redescends un peu, je repense à la somme dépensée pour les balades en cariole. Je me dis que j’aurais pu simplement prévenir le guide que j’aurais du retard et rentrerais en taxi, puis prendre mon temps. Mais en sentant la douleur dans mes jambes, je me dis que peut-être pas, après plus de sept heures à arpenter la belle Petra, qui sait combien de temps j’aurais encore tenu. Et puis, je me dis aussi, ces gens vivent du tourisme et ont beaucoup souffert de Covid, j’ai eu la chance d’échapper à la crise financière, c’est aussi un geste pour la communauté.

J’ai donc passé le reste de l’après-midi à somnoler et traîner dans ma chambre et vers 18h j’ai rejoint le groupe pour aller dîner. On est allés à Al Wadi, j’ai goûté le fameux mensaf : de l’agneau cuit dans de la sauce au yaourt fermenté servi avec du riz. Bon, je me souvenais de ne jamais avoir trop aimé l’agneau, mais des saucisses agneau-bœuf par exemple ça passe, alors j’ai décidé d’essayer au cas où mon goût aurait changé. Bon, ben j’aime toujours pas l’agneau. Par contre, la sauce, également servie à part pour en rajouter, est vraiment bonne.

Une partie du groupe est allée voir Petra de nuit, le chemin jusqu’à la Trésorerie est éclairé par des bougies, y’a des jeux de lumière sur la façade et un petit spectacle. J’avais prévu d’y aller, mais non, je ne préfère pas, le chemin est assez long et mon genou commence à manifester son mécontentement, il aura droit à un petit massage au gel anti-douleurs ce soir. Je suis déjà allée au-delà de mes limites aujourd’hui, on va pas tenter le diable. J’ai encore dix jours ici, je veux en profiter. Demain sera un peu moins sportif, on va dans le désert à Wadi Rum, en jeep, et on passe la nuit en camp bédouin.

***

Mardi 9 novembre 2021

17h25

Désert de Wadi Rum

Ce matin, avant de quitter définitivement Wadi Musa, nous nous sommes arrêtés à un beau point de vue sur les montagnes de Petra. Ensuite, nous avons pris la route du Roi (« King’s Way ») vers le désert de Wadi Rum. Wadi signifie Vallée en arabe. Rum est le nom d’une ancienne tribu. Nous avons traversé un paysage rocailleux, montagneux et aride, croisé des chameaux, puis nous nous sommes arrêtés à une ancienne gare ferroviaire avec des trains antiques qui trônaient là. Le guide nous a dit que parfois ils font fonctionner les trains avec des touristes à bord et les trains se font attaquer par des hommes à cheval.

Nous avons ensuite repris la route pour nous rapprocher de Wadi Rum. On est alors à environ 30 km de la frontière avec l’Arabie Saoudite et y’a du trafic de pétrole/essence du coup. Le guide nous disait aussi qu’ici dans le désert, tout le monde conduit, avec ou sans permis, des voitures avec ou sans immatriculation, dans le bon sens ou pas, c’est-à-dire du bon côté de la route.

Après un bref arrêt au centre des visiteurs, nous sommes allés au village voisin où nous attendaient nos jeeps. On a dû prévoir un sac pour la nuit, car les sacs de voyage prenaient trop de place. On est donc montés à bord des jeeps pour aller au camp « bédouin ». À l’arrière de la jeep, des bancs sont installés, une couverture attachée au-dessus pour protéger du soleil, on s’accroche où on peut et c’est parti ! Je pensais qu’on serait dans des tentes, mais en fait y’a des genres de petits bungalows, une construction en dur, avec de l’électricité en journée. Les chambres ont même une salle de bain/WC privée. Grand luxe ! On s’est vite installés, puis on s’est réunis pour le déjeuner, un buffet avec salades, riz, purée de patates et carottes, légumes, humus.

Ensuite, est venue l’heure de partir à l’aventure dans le désert de Wadi Rum. C’est un désert qui sert de décor à beaucoup de films dont Lawrence d’Arabie, Seul sur Mars, Star Wars (un ou plusieurs des trois derniers), Prometheus, Aladdin. D’ailleurs, un des endroits où on devait aller n’était pas accessible pour cause de tournage. Donc, cheveux au vent, nous sommes partis à l’assaut du désert, ma toute première fois dans le désert, le chauffeur a pris certaines dunes, en montée comme en descente, à fond la caisse, c’étaient des montagnes russes, de sacrées sensations. En parlant de dunes, le film Dune a aussi été tourné en partie ici.

C’est vraiment magnifique, les étendues de sable jaune ou rouge, les montagnes au loin, les diverses formations rocheuses. Un cadre magique ! Nous avons fait plusieurs arrêts, à l’un d’eux, pour voir deux ponts naturels, on pouvait prendre l’option chameau pour aller du premier au deuxième pont, j’ai passé. À chaque pont, on pouvait grimper pour prendre de la hauteur, mais c’est pas un accès facile, du coup, je suis restée en bas. À un autre arrêt, on a tenté de recréer une scène de Star Wars avec Rey qui regarde au loin. Un peu plus loin, on est allés boire le thé dans une tente de bédouins. On était invités à s’asseoir par terre, mais moi, par terre, c’est super pas confortable et pour me relever, c’est la galère. Du coup, je suis restée debout et le responsable m’a proposé de m’asseoir sur une glacière.

Pour le grand final, nos chauffeurs nous ont amenés à un point intéressant pour admirer le coucher de soleil. Un moment magique. Et nous revoilà au camp, on va bientôt se réunir pour dîner, si on veut on peut même dormir dehors auprès du feu, mais ce sera sans moi. Il fera frais (environ 14°C) et pas sûre que ce soit trop confortable.

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Cet article a été publié dans Jordanie, Jordanie (2021), Moyen-Orient. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 commentaires pour La Marmotte en Jordanie : carnet de voyage (3/5)

  1. chatvoyageur dit :

    Vous décrivez des endroits merveilleux
    Félicitations pour tout !

    Aimé par 1 personne

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